Dessiné en 1938 par Tom Simpson sur les hauteurs de la principauté de Liège, ce parcours est un défi de qualité.
De tous les parcours belges que Tom Simpson a dessiné, c’est peut-être celui du Sart-Tilman, officiellement inauguré en 1939, dont il était le plus fier. Le parcours liégeois est, il est vrai, une pure merveille. C’est d’autant plus remarquable que le célèbre architecte britannique, également auteur des parcours de Spa et du Ravenstein, a dû composer avec un environnement naturel hostile et composer avec un budget limité. Au prix d’un déboisement de près de vingt hectares d’arbres, du retrait de quatorze mille souches et de l’apport de cinq mille mètres cubes de terre, le défi fut néanmoins relevé. Et de quelle façon…
La création d’un golf dans la Cité Ardente répondait, en vérité, à une réelle demande. La plupart des grandes provinces belges comptaient,à cette époque, un parcours de qualité : l’Antwerp à Kapellen, Le Zoute et Ostende près de la mer du Nord, le Ravenstein à Bruxelles, Château d’Ardenne à Houyet et les Fagnes à Spa. C’est le succès du golf spadois, terminé en 1930, qui accéléra d’ailleurs la naissance du golf liégeois !
A l’époque, dans la haute société liégeoise, c’était surtout le tennis qui occupait les loisirs des sportifs du dimanche. Le Tennis Club de Liège avait ainsi installé ses courts à Angleur, sur le flanc boisé de la colline du Sart-Tilman. Un endroit de rêve dans un écrin de verdure. C’est là, sur la terrasse de ce club, que quelques membres se mettent en tête de créer un parcours de golf, histoire de varier les plaisirs et d’échanger le smash pour le drive…
Ainsi dit, ainsi fait ! Assez apidement, six trous sont construits le long de la route de la Belle Jardinière à Angleur, puis trois autres aux « Carpathes », près d’un piton rocheux surplombant l’Ourthe. Une centaine de joueurs, passionnés, peuvent ainsi s’adonner aux joies du swing. Mais, aux yeux de tous, il s’agit d’infrastructures très provisoires.
A l’initiative de Jacques Prion, premier président et véritable locomotive du club, et de Julien Rasquinet, de nouvelles terres sont louées, non loin de là, à la société immobilière Bernheim. Dans la foulée, une coopérative à finalité sociale, composée de 400 parts de 5000 francs, est établie. Le Golf Club du Sart-Tilman est en marche…
La griffe de l’architecte.
En faisant appel à Tom Simpson pour régenter les grandes manoeuvres et dessiner le nouveau parcours, la coopérative fait preuve d’une belle intuition. Simpson, architecte de génie, est au sommet de son art. Il vient notamment de signer les parcours de Chiberta à St-Jean de Luz et de Spa. Et il va faire du Sart-Tilman, avec un budget pourtant limité, un véritable petit joyau.
Fidèle à ses grands concepts, Simpson dessine, de son crayon magique, deux boucles de neuf trous qui reviennent, chacune, vers le Club House. L’architecte anglais se laisse guider par son inspirations, multiplie les « doglegs », compose avec la nature et joue avec les arbres. Faute de moyens nécessaires, il ne peut combler tous ses désirs mais le résultat final n’en reste pas moins exceptionnel. Lorsque, le 10 juin 1939, Denise de Thomas de Bossierre, championne de Belgique en titre, frappe la première balle sous le regard de Edmond Solvay, alors président de la Fédération Belge, le Golf Club du Sart-Tilman n’a rien à envier aux autres grands clubs du Royaume…
Le premier Club House n’a pas grande allure : il s’agit de l’ancienne « cabane » du club de tennis.
Mais dès 1939, l’architecte Fraikin est appelé à la rescousse pour ériger un Club House plus moderne et confortable, inspiré de celui d’Eindhoven.
Dans leur livre sur les golfs royaux de Belgique, le regretté Dominique Gendebien et Vincent Borremans nous apprennent qu’en 1939, les droits d’entrée s’élevaient à 1000 francs pour un membre adulte, 250 francs pour les 18-21 ans et étaient gratuits pour les moins de dix-huit ans.
La deuxième Guerre Mondiale bouleverse évidemment le développement du club liégeois. A peine né et celui-ci est déjà freiné dans sonélan. Dès le mois de septembre 1939, le parcours est occupé par l’armée allemande. Neuf trous sont même réquisitionnés pour la culture des incontournables « kartoffeln », les pommes de terres ! Durant cette période, seuls quelques mordus, qui n’hésitent pas à grimper jusqu’au terrain à vélo, pratiquent encore le golf sur les quelques trous laissés libre par l’occupant.
Au sortir de la guerre, l’heure est au constat : plusieurs bombes ont endommagé le parcours, de nombreux trous sont impraticables et le Club House est également démoli ! L’armée américaine aidera heureusement à la reconstruction grâce à un bon « deal » signé avec les dirigeants du club : en échange de leur aide, les soldats US bénéficient de la gratuité pour assouvir leur appétit de swing ! Quelques dizaines de prisonniers allemands, détenus à Awans, participeront également, contraints et forcés, à la renaissance du club !
Le souvenir de Lee Trevino
Rapidement, le parcours retrouve heureusement ses couleurs originelles. Dès 1946, six trous sont remis en état et l’année suivante, ce sont les dix-huit trous qui sont, derechef, proposés aux deux cent membres du club.. Le parcours – à l’époque un par 71 de 6174 mètres - peut enfin grandir sans soucis majeurs. Reconnu et apprécié par tous les connaisseurs, il accueille régulièrement de belles compétitions nationales et voit progressivement son nombre de membres augmenter. Le club, devenu Royal en 1962, aura l’occasion d’acheter définitivement les terres un peu plus tard mais son conseil d’administration ne prit pas les risque, quitteà s’en mordre les doigts un peu plus tard. C’est l’Université de Liège qui, finalement, rachètera le domaine en 1963. Elle est toujours actuellement propriétaire des lieux. Les membres qui possèdent une part du club – devenue obligatoire – gèrent également, via la coopérative, la bonne marche du club.
Les « Golden sixties » sont riches en événements. On swingue au Sart-Tilman, au propre comme au figuré grâce notamment à l’essor de la sidérurgie! Le « Tournoi de la Métallurgie du Marché Commun », créé à l’initiative d’Alec de Posson, connaît un grand succès d’estime, notamment auprès des joueurs étrangers. Et les plus anciens membres ont encore sûrement en mémoire le passage au club, lors d’un clinic, du célèbre Lee Trevino (photo 1, photo 2), l’un des plus célèbres joueurs professionnels américains. Un grand moment…
Aujourd’hui, le Royal Golf Club du Sart-Tilman, présidé par Lothar Knauf, reste l’un des plus beaux clubs du pays.
D’apparence plutôt classique, le parcours, dessiné au milieu des pins, des hêtres et des bouleaux, recèle une collection de pièges. Mais il reste toujours « fair ». Qu’on se le dise : ses greens rapides, ondulés et diaboliques sont parmi les plus redoutables de Belgique. Le visiteur aura tout intérêt, dès lors, à bien étudier l’emplacement des drapeaux et à ne pas prendre de risques inutiles. dans ses approches sous peine de sanction immédiate sur la carte. Et même les meilleurs joueurs devront souvent se contenter de trois putts…
« Il s’agit de greens en terre qui n’ont, en soi, guèreévolué depuis l’origine. Le dessin, les pentes et les ondulations sont les mêmes qu’à la création du parcours. On y trouve tout le génie de Tom Simpson. Nous avons, en revanche, favorisé leur rapidité grâce à un soigneux carottage et à des sablages minutieux. Nous continuons également à utiliser des petites tondeuses : c’est davantage de main d’oeuvre mais c’est aussi un meilleur résultat. Mais la recette de nos greens, c’est un peu mon jardin secret » explique Michel Poncelet, directeur du club et éminent spécialiste dans l’art du greenkeeping en sa qualité d’ingénieur agronome.
Mais le Sart-Tilman, c’est aussi quelques terribles par 4 (les trous n°5 et 11, notamment), de superbes par 3 (le trou n°2 donne d’entrée le ton et n°10 est l’un des plus difficiles) et le fameux trou n°14, un par 5 de plus de 500 mètres dont le green est protégé par un double obstacle d’eau et trois bunkers ! C’est aussi – et surtout – un accueil chaleureux dans le magnifique Club House au toit de chaume, un environnement naturel exceptionnel à dix minutes du centre de Liège et un véritable défi golfique pour les joueurs de tous niveaux.
« Nous comptons environ un millier de membres, issus en majorité de la région liégeoise. L’ambiance est plutôt familiale avec des compétitions internes en semaine (Ladies Day, Senior’s Day,... ) et le week-end (ouvertes exclusivement aux membres). Par ailleurs nous comptons une grosse centaine de membres juniors qui ont créé la renommée de notre école des jeunes, l’une des plus performantes du pays » poursuit Michel Poncelet.
Le record du parcours Pro vient d'être abaissé à 64 par Laurent Richard. Patrick Renard et Christophe Puissant détiennent un 66 comme amateur. Parmi les habitués des lieux, citons l’entraîneur de basket-ball Giovanni Bozzi et, surtout, les frères Jean-Michel et Philippe Saive, auteur d’un« historique » albatros sur le trou n°7 (un par 5 de 444 mètres) lors d’une partie de greensome. De nombreux amateurs, souvent très jeunes, font l’orgueil du club. Citons, pêle-mêle, Tamara Luccioli, Pierre Thomas, Nicolas Borzée, les soeurs Dony, Maxime Theunis, Pierre Lepage et Laurent Ryhon. La plupart travaillent leur swing sous l’oeil avisé du « pro » Manu Janssens. Ce n’est pas un hasard si les équipes d’Interclubs du Sart-Tilman sont traditionnellement parmi les plus redoutables du pays.
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